Vous avez suivi le making off. Voici le résultat du travail d’Emmanuelle Clayes, de Thomas Bejuit et de Loïc Billoët.
En bonus la version complète en français et en anglais (traduction Peter Wilson) de la deuxième édition du catalogue.

Créé pour cette 55ème Biennale de Venise, Before, Now and Then souligne une fois encore la fragilité de la vie, mais aussi le lien vital entre les choses, entre les gens, entre la nature et l’homme.

Un triptyque composé de trois grands panneaux lumineux et sonores habitent un mur complet du second étage du Palazzo Bembo. Comme un reflet du majestueux palais sur le Grand Canal, des masses gélatineuses palpitent sur un fond en plexiglas. Un cadre les entoure sur trois côtés, le quatrième est ouvert pour permettre la descente, la naissance d’une autre forme, dépendante et reliée par une tige vitale venue du haut. Au repos, tout est calme et serein, mais à son passage, le visiteur déclenche une séquence sonore et un cycle lumineux. L’installation l’apostrophe et l’incite à voir, écouter et comprendre puis le laisse poursuivre son chemin.
Fidèle à son mot d’ordre : « on naît, on meurt… entre temps », Triny Prada nous questionne sur l’impact des décisions et actions de tout un chacun sur l’avenir de notre planète. Car c’est bien au fond de cela qu’il s’agit. Cette installation va plus loin et dépasse les frontières de l’individu et de sa propre finitude pour l’étendre à une prise de conscience collective, inscrite dans la durée de la vie sur Terre, en particulier ici dans l’eau matricielle – la mer.
Before, Now and Then réfère aux algues, structures organiques translucides à la fluorescence toute aquatique au centre de chacun des trois cadres. Ces êtres primitifs sont les témoins des prémices de nos origines, de la vie sur Terre et de ce que nous en avons fait. Le cadre les abrite et les protège, figeant dans le temps leur évolution, les muséifiant. Mais il abrite aussi en son sein ce qui permet leur augmentation.
Before nous immerge directement dans l’univers de Triny Prada. La forme primitive, ovoïde, irradie le cadre d’un bleu semblable à celui que l’on perçoit sous l’eau, lorsque les rayons du soleil percent la surface de la mer. Le son qui s’en échappe se rapproche de celui d’un sonar qui plonge dans le lointain et apporte en écho une réponse du passé un battement de vie, suivant un chemin sinueux, évoqué par les motifs de fils de la partie basse.
Now. Le chemin continue… Les fils s’arrondissent et accouchent d’une forme, témoin d’une méiose réussie. Au-dessus, la structure organique s’élargit aussi, le bleu s’obscurcit et se teinte de mauve. Un bouillonnement de vie et d’eau couvre progressivement le son du sonar. Le temps de la maturité a sonné.
Dans Then, la lumière s’affaiblit dans un jaune d’or qui peine à briller. L’activité sonore s’étiole peu à peu, jusqu’aux simples vagues originelles. La matrice se fait hermaphrodite. Les fils se raréfient et prennent la teinte de leur destin funeste aux couleurs de fin du monde.

Vous trouverez ci-après la version complète en anglais (traduction Peter Wilson) de la deuxième édition du catalogue.