L’exposition événement de Beaubourg se finit bientôt, le 4 août. Elle regroupe quelques 350 œuvres de la fin du XIXème siècle jusqu’à nos jours (prévoir donc 2 bonnes heures pour la visite).
Comme l’exposition est hétéroclite, il y en a pour tous les goûts, ce qui est un point positif. Le côté négatif est que la thématique, on ne peut plus large, génère un grand fourre-tout conceptuel contenant, dans un parcours peu cohérent, la mort de Dieu, les grands initiés, la mythologie, les danses, les sacrifices, les énergies… Difficile donc de se faire une autre idée d’ensemble qu’un manque déraisonné de hiérarchie, à la manière du post-modernisme. Quelques œuvres marquantes méritent le déplacement, certaines parce qu’elles sont visibles pour la première fois en France, d’autres pour la notoriété de leurs auteurs, les dernières pour leur intérêt. Personnellement, j’en retiendrai trois.
La première est au tout début de l’exposition. Il s’agit d’un œuf plat et noir d’1m50 réalisé par Lucio Fontana, l’artiste des lacérations et des perforations. Cet œuf, à hauteur de regard sur le mur, a une texture dense de toile émeri très épaisse. La lumière est totalement absorbée par la surface, sauf à l’endroit où de gros trous la percent. L’œuf, symbole de la vie future, promesse d’un avenir, est comme mangé aux mites (ou aux mythes actuels). Le « désenchantement du monde » tel que le décrivait le sociologue Max Weber en 1919 peut alors commencer.
La deuxième est un film en images de synthèses de Pierre Huyghe : One million Kingdoms, 2001. Un enfant, garçon ou fille, dessiné au trait blanc, avance droit devant lui, dans une étendue désertique qui se hérisse de pics éphémères à son passage, mais qui jamais ne l’empêche d’avancer. Les jaillissement sont anarchiques et ne semblent être régis par aucune loi. Selon l’artiste, ce film est la réunion de deux histoire, celle du voyage au centre de la Terre et celle de la conquête spatiale. A vous de voir.
La dernière oeuvre dont je vais vous parler m’a profondément interpellée, gênée, voire choquée. Dans un lieu de passage qui fait un décroché au mi temps de l’exposition, on voit un jeune garçon de dos, accroupi apparemment en train de prier devant un mur blanc, une installation de Maurizio Cattelan, 2001 au style hyperréaliste. Il porte un ensemble de laine gris et marron chiné avec veste, culotte courte et longues chaussettes, à la mode autrichienne. Beaucoup passent à côté. Il faut dire qu’il est petit, de dos, habillé, à genou et immobile – pas très attirant en somme – et comme il est en prière, on n’est pas porté à aller le déranger. Mais bon, on est dans un musée et c’est une sculpture. Je fais le tour, au large, pour ne pas le gêner au cas où… Il est brun, les cheveux courts plaqués à l’arrière. Les sourcils sont étrangement fournis pour un enfant. Je découvre son visage, c’est effectivement lui, Him comme l’indique le titre, c’est Hitler, qui est là, petit garçon au visage d’adulte, en train de prier. Et c’est impossible.