Exposition Le lieu Unique – Nantes
Sas d’entrée avec rideaux épais : ça promet un changement d’univers, lumineux et sonore. Les images sur l’affiche me plongent dans le souvenir d’un environnement du festival bains numériques d’Enghien cet été, Tropique d’Etienne Rey.
Passé le rideau, il faut une bonne minute d’adaptation au contraste. D’abord, faire attention à ces espèces de gros boudins qui jonchent dangereusement le sol. Progressivement, mes yeux s’habituent, je comprends le volume et l’espace, noir, brut. Des lumières très intenses sont projetées sur un grand mur. Je m’assois, comprenant que le rôle des boudins ne se résume pas à mettre par terre le visiteur. Et là seulement, j’entends, je comprends que le son, spatialisé, est une sorte de musique de type sérielle.
C’est incroyable comme les sens sont totalitaires les uns envers les autres. Il me faut du temps pour focaliser mon attention sur les deux. La vidéo ne rend pas cette impression. Un élément répétitif force à la double appréhension, sonore et visuelle : une bande verticale vide qui balaye l’espace de gauche à droite. On se laisse prendre par le son, par le balai des faisceaux laser. On imagine la forme de la pièce qui est découpée devant nos yeux. Le dessin a l’air stable, la ligne est mobile. Idem pour le son. L’ensemble fausse le particulier, ou le contraire.