Ce retour est rédigé à 2 claviers avec Sylvain Prudhon, espoir recherche à ARNUM

Tel est le vaste sujet étudié durant les 19 et 20 avril dernier à la BnF et à la Gaité Lyrique(voir programme). Au travers de multiples conférences, exposés de réalisations, questions/ réponses et tables rondes, nous avons essayés de comprendre les raisons, les causes, les effets et la naissance d’un engouement grandissant pour les données d’Internet. Plusieurs questions ont été soulevées:

  • Comment naviguer dans les paysages de données ?
  • Comment et pourquoi créer les données et archives ?
  • Comment représenter ces informations sur le réseau ?
  • Ou encore comment interpréter ces représentations – cartes, arbres et graphes divers, 2 ou 3D, fixe ou dynamiques?

Pourquoi cet événement à la Bibliothèque nationale de France? Tout simplement parce que la Grande Bibliothèque a la mission complexe et gargantuesque du dépôt légal du web. Ce qui induit qu’elle sauvegarde les sites de net art. Elle se retrouve alors souvent face à un problème de taille: les artistes ont tendance à exploiter toutes les possibilités du web, ce qui rend parfois l’aspiration automatique de leur site incomplète, comme l’a montrée Annick Lorthios, en mettant en évidence la difficulté de pérenniser les œuvres du net dues à leur volatilité mais aussi aux droits d’auteurs et à la propriété intellectuelle des artistes. Or ce sont justement ces sites-là qu’il est important de restituer au public dans leur intégrité. Marie Faucheux-Saladin, à l’initiative de ces journées d’étude sur le net art depuis plusieurs années déjà, prescrit un archivage volontaire du net art de la part des artistes, afin de s’assurer de la pérennité de leur oeuvre, des archives qu’elle souhaite constituer au département audiovisuel de la BnF.

“Dadamètre” de Christophe Bruno, carte à grande échelle s’appuyant sur les recherches de Google. Cette carte présente le rapprochement possible entre 2 termes.

Au programme de ces journées, des artistes bien sûr, comme Christophe Bruno (ARNUM) qui s’attelle aux notions d’émergence de données et de leur modélisation cartographique. Julien Prévieux fait réaliser des diagrammes de Voronoï à la BAC (Brigade Anti-Criminalité de Paris) afin de mettre en avant et de façon simple les zones “chaudes” et ainsi multiplier les patrouilles de police à ces endroits. Cerise sur le gâteau: les policiers ont exposé leurs oeuvres dans une galerie proche et les ont vendues! Etienne Cliquet, origamiste électronique, pointe la complexité grandissante de cette pratique qui lui fait penser à une technique de cryptolographie (les pliages ne se font plus les uns après les autres mais ensemble après un pré-pliage général) . Julie Morel, quant à elle, a présenté son auto-archivage immédiat: 8000 articles postés en 4 ans de manières subites et instantanée.

Cycle de Hype: courbe introduite dans les années 1995 qui présente l’émergence et obsolescence d’un produit. Elle se décompose en 2 phases: une phase de “buzz” (sommet de parabole) suivit d’une phase “d’oubli” (descente de la parabole). La société qui a introduit cette notion (Gartner) estime que chaque produit suit la logique de cette courbe.

Samuel Tronçon, Christelle Desbordes et Annick Bureaud ont signalé les enjeux sous-jacents aux réseaux sociaux actuels (Facebook, Google+), au réseau internet mondial à l’image de “l’atlas mnémosyne” (1924-1926) de Aby Warburg.
La deuxième journée a été dédiée aux notions d’influence et d’émergence sur le web, à l’interprétation et à la lecture des cartes. La question du web 3.0 a été posée. Belle tentative qui a donné lieu à diverses interprétations.
Nous avons trouvé ces journées riches et importantes. Il s’agissait d’un début, d’un point de départ. Et il fallait y être car, à n’en pas douter, ces acteurs-là vont eux aussi émerger, associés à ce thème de recherche. Et aucune représentation cartographique n’était nécessaire pour s’en rendre compte.