Viens jouer avec moi.
C’est ce que semble nous dire ce gentil chien robot à bascule, qui se balance frénétiquement quand on approche la main dans un mouvement naturel de curiosité. Mais voilà, pour certains, au sortir de cette exposition de France Cadet, la relation avec les chatbots s’est établie et le mouvement naturel peut devenir la caresse. Attention, tendances zoomorphiques en exercice.
La Galerie Numeris causa présente pour la première fois une exposition personnelle de l’artiste roboticienne France Cadet. C’est un pari réussi car le lieu, la sélection et l’accrochage génèrent ici des impressions et des relations avec le public que le festival Exit 08 de Créteil au printemps dernier n’avait pas su créer.
Les trophées exposés engagent le visiteur dans un jeu relativement simple: on approche la main – sans toucher mais l’esthétique technologisante des installations ne donnent pas envie d’aller plus loin – un capteur perçoit le mouvement et fait réagir l’installation.
Sans rentrer dans le détail des créations et des comportements spécifiques programmés pour simuler de la relation, le travail de France Cadet pointe une problématique apparue avec la modernité mais dont on a du mal à sortir après plus d’un siècle : la relation homme/machine, à peine voilée ici par celle du maître/animal. C’est cette problématique qui excuse et peut-être justifie le fait que l’artiste décline ses créations en un système qui semble bien clos.
Mais revenons à la problématique: le maître qui est en nous (celui de l’animal) accepte facilement l’interaction avec les robots et reconnaît des réactions familières allant jusqu’à les projeter. Et le comportement agressif de certains d’entre eux en rajoute à la projection. Mais que ce maître peut être facilement manipulable ! Car tant qu’on joue avec le robot, on croit le dominer. La peur de la domination de l’homme par la machine, omniprésente dans les imaginaires depuis Fritz Lang, est ici évacuée par la familiarité avec ces petits chatbots anodins.
Ces créations montrent une évolution importante de nos comportements : une possible relation dédramatisée entre vivant et artificiel. A quand la relation d’égal à égal?